Ciné-débat - « Si tu es un homme » au Secours Catholiques en compagnie du réalisateur, Simon Panay.
Le Printemps des migrations au Secours Catholiques pour la projection du film « Si tu es un homme » réalisé par Simon Panay, présent en visio.
Le film « Si tu es un homme » est un documentaire suivant la vie d’un jeune Burkinabé de 13 ans nommé Opio. C’est un adolescent travaillant aux mines, il ne gagne qu’un sac de cailloux par mois. Son père et lui prennent la décision de lui faire intégrer une formation professionnelle. Cependant, la famille n’a pas les ressources nécessaires pour payer les frais d’inscription de l’école. Étant l’aîné de la famille, Opio prends la décision de demander à son patron de descendre dans les mines afin de gagner plus de sac de cailloux et de peut-être tomber sur une pépite d’or – Une chance pour peut-être aider financièrement sa famille.
À la suite de la projection de « Si tu es un homme », le réalisateur, Simon Panay a confié :
« Ça fait 12 ans que je fais des documentaires en Afrique de l’Ouest. J’ai fait presque tous mes documentaires au Burkina. C’est un pays que je connais bien, car j’ai vécu quelques années là-bas. C’est un documentaire qu’on a tourné de 2018 à 2020, la situation politique était un petit mieux que maintenant. C’était déjà très compliqué à l’époque : on tournait dans la zone centrale du pays, pas très loin de Koudougou. C’était la dernière région accessible, où il y avait encore assez peu d’activités djihadistes, parce que c’était très sécurisé. A chaque entrée et sortie de ville il y avait des checkpoints militaires qui contrôlaient les papiers d’identité, regardaient s’il y avait des armes, etc. Maintenant, ça serait impossible d’y retourner car, malheureusement, plus aucune zone n’est épargnée par l’activité djihadiste. Aller dans ces zones, c’est se mettre en danger soi et mettre en danger les personnes que l’on rencontre, mais j’ai toujours des contacts avec les personnes avec qui on a filmé, Opio le premier. »
Après l’introduction du réalisateur, la parole a été donnée au public. Une opportunité pour eux, d’en savoir plus sur la vie d’Opio, le contexte socio-politique du Burkina-Faso ou bien la difficulté à rentrer dans l’intime d’une famille et d’une personne en particulier.
Comment as-tu pu te lier aussi intimement de sorte à rentrer dans son village, dans sa famille ?
« Je l’ai rencontré quand je faisais un projet de collections sur les minerais artisanaux, ça fait 10 ans que je travaillais sur ce sujet, c’est un monde que je connais bien. J’ai rencontré Opio, il a quelque chose de particulier, il a un regard très intense et il est très volontaire. Entre le moment où je le rencontre et où on commence à filmer, il se passe presque 2 mois, cela nous a permis de tisser un lien de confiance, de lui expliquer ce qu’on allait raconter dans le documentaire, et à son entourage également. Une fois que la confiance est là, que l’on a créé quelque chose humainement, là, on peut commencer à travailler. Sur ce genre de documentaire, il est primordial d’établir cette confiance, si on n’a pas cette confiance, on crée des barrières, des gènes. Parfois, il y a des choses qui nous avons filmé comme les conflits familiaux notamment entre Opio et ses parents : c’est touchant de voir qu’ils nous ont laissé montrer ce genre de scène. »
Comment se gère l’arrivée à l’étranger avec tout le matériel audiovisuel (caméra, micro) et la situation vis-à-vis de la guerre ?
“C’est toujours nécessairement délicat, c’est la même question qui peuvent se poser des personnes qui voyagent avec des sacs à dos alors que le salaire moyen du pays dans lequel ils vont est de 30 euros. Ce sont des contrastes parce qu’on a forcément des modes de vie très différents, mais ce n’est pas nécessairement un problème avec les gens. C’est plus un problème dans nos têtes à nous, mais pas à eux.”